L'annonce a fait le tour du web : Colossal Biosciences, l'entreprise américaine déjà connue pour ses projets de "dé-extinction" du mammouth laineux et du tigre de Tasmanie, affirme avoir ramené à la vie le terrifiant "loup sinistre" (Canis dirus), popularisé par la série Game of Thrones et disparu il y a plus de 10 000 ans. Mais derrière le sensationnalisme, quelle est la réalité scientifique ?
Trois chiots au centre de l'attention
L'entreprise a présenté trois chiots génétiquement modifiés, baptisés Remus, Romulus et Khaleesi, comme les premiers représentants de cette "résurrection". Nés en octobre 2024 et janvier 2025, ces animaux ne sont cependant pas des loups sinistres à proprement parler.
Des loups gris modifiés, pas des loups sinistres ressuscités
En réalité, il s'agit de loups gris (Canis lupus) dont l'ADN a été manipulé. Les scientifiques de Colossal Biosciences ont modifié une vingtaine de gènes du loup gris, dont cinq liés à la couleur du pelage et quinze concernant potentiellement la taille, la musculature et la forme des oreilles, dans le but de leur donner une apparence plus proche de celle du loup sinistre.
Une question de définition : peut-on parler de résurrection ?
Cette approche soulève d'importantes questions scientifiques. Une étude de 2021 a démontré que le loup sinistre et le loup gris ont évolué séparément pendant environ six millions d'années et ne sont pas des espèces sœurs au sens strict. Le loup géant est génétiquement plus éloigné du loup gris que d'autres canidés comme le chacal ou le lycaon.
La chercheuse Beth Shapiro de Colossal Biosciences défend l'idée que si l'apparence de ces animaux correspond à celle du loup sinistre, alors on peut les considérer comme tels, s'appuyant sur un concept d'espèce morphologique. Cependant, cette vision est contestée par le concept d'espèce phylogénétique, qui se base sur l'histoire évolutive d'une espèce.
Un projet ambitieux avec des limites claires
Bien que Colossal Biosciences prenne grand soin de ces trois louveteaux, élevés dans une vaste réserve, l'entreprise n'envisage pas de les laisser se reproduire pour le moment. Cette expérimentation s'inscrit dans un projet de "dé-extinction" plus large, visant également le tigre de Tasmanie et le mammouth laineux.
Implications pour la protection animale
Si les avancées scientifiques dans la modification génétique sont fascinantes, il est crucial de se demander quelles sont les priorités en matière de protection animale. Alors que des espèces existantes sont en danger critique d'extinction en raison de la perte d'habitat et du changement climatique, les ressources et l'attention devraient-elles se concentrer sur la "résurrection" d'espèces disparues ?
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Conclusion
L'annonce de la "résurrection" du loup sinistre par Colossal Biosciences est un exemple des avancées spectaculaires de la science. Cependant, il est important de distinguer le buzz médiatique de la réalité scientifique. Ces loups gris modifiés ne sont pas des loups sinistres ressuscités, mais plutôt une tentative de recréer certaines de leurs caractéristiques. Cette affaire soulève des questions éthiques et pratiques importantes concernant les priorités de la protection animale à l'ère de la modification génétique.
